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Le garde du corps de Akira Kurosawa, 1961
Film japonais
Durée du film : 1h 50
Acteurs principaux : Toshiro Mifune, Takashi Shimura, Isuzu Yamada, Tatsuya Nakadai, Susumu Fujita, Daisuke Kato, Akira Nishimura, Eijiro Tono, Kamatari Fujiwara, Yoshio Tsuchiya
Musique : Masaru Sato

 

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Résumé : Dans une petite ville du Japon règne l'insécurité. Deux clans se partagent le territoire, protégeant les intérêts les uns des marchands de soie, les autres des brasseurs de saké. Un samouraï, Kuwabataké Sanjuro, qui arrive alors dans la ville, vend ses services au plus offrant…

 

En réalisant Le garde du corps, Akira Kurosawa (Les sept samouraïs, Ran, La forteresse cachée, Barberousse, Le château de l'araignée, Vivre) livre un brillant film d'action qui tient tout à la fois du film de samouraï que du western.
Le garde du corps est à ce point un référentiel en la matière qu'il est notamment précurseur du western spaghetti et de quelques-uns des films de Clint Eastwood. Du reste, Sergio Leone s'en est fortement inspiré pour réaliser son film Pour une poignée de dollars.

 Le début du film, à savoir l'arrivée du samouraï solitaire, Sanjuro (incarné par l'acteur fétiche de Kurosawa : Toshiro Mifune), dans une ville sans vie, mais également la musique de Masaru Sato, montrent bien d'emblée son côté western.
Seulement, ce qui est étonnant, c'est qu'en réalisant ce film, le réalisateur japonais en vient à bouleverser les codes établis : le samouraï Sanjuro n'a que faire a priori des querelles intestines des uns et des autres.
Sanjuro profite pleinement de l'opposition qui règne entre le clan de Seibei et celui de Ushi-Tora pour faire monter les enchères à celui qui voudra louer ses services.
Le côté uniquement matérialiste du héros principal qui est tout de même un samouraï est extrêmement surprenant. Cependant, il faut de tout même rappeler que dès les premières images du film, on voit que Sanjuro est un samourai qui a terriblement faim et soif. Sa conduite n'est donc pas totalement répréhensible.
Pendant toute la première moitié du film, sur fond de bassesses et de trahisons qui occupent l'un et l'autre camp, Sanjuro cherche à gagner le plus d'argent possible et à manger correctement.
Bien heureusement, tout humaniste qu'il est, Kurosawa va faire triompher la morale.
En effet, Sanjuro décide de libérer une jeune femme qui avait été fait prisonnière et cela sans penser le moins du monde à de l'argent. On retrouve là le sentiment noble du samouraï, prêt à aider la veuve et l'orphelin.
Du reste, Sanjuro va payer cash son acte de bravoure puisqu'il est fait prisonnier par le clan d'Ushi-Tora (avec lequel il venait de se lier de nouveau) et est tabassé.
Cependant, il réussit à s'enfuir et il prend part seul (alors qu'il a face à lui de nombreux opposants) au duel final. Car, à la différence de tous les autres personnages appartenant à l'un ou à l'autre camp, Sanjuro n'est ni un être faible, ni un être dominé par la peur et encore moins un être lâche motivé uniquement pour des considérations liées à l'argent.
Ce final, qui oppose le clan d'Ushi-Tora à Sanjuro montre encore une fois le côté très western du film : dans ce combat, l'action se joue avant tout au niveau des regards que se lancent les différents protagonistes.
Sanjuro remporte ce combat final et par la même occasion débarrasse la ville de tous ces personnages malfaisants.
Son travail accompli, il peut repartir, l'esprit serein : du reste, son dernier mot est " adieu ". Cette fin en happy-end marque le triomphe de l'éthique et de la morale.

En fin de compte, avec son garde du corps, Akira Kurosawa réalise un très grand film d'action, à mi-chemin entre le film de western et le film de samouraï. A noter que sa fructueuse collaboration avec l'acteur Toshiro Mifune va immédiatement se poursuivre par la réalisation du film Sanjuro (qui constitue avec Le garde du corps un diptyque).

Par Nicolas, novembre 2003

 

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