Résumé : Film autobiographique d'Oliver Stone sur le Vietnam, ce
film de guerre narre l'enfer quotidien de la guerre du Vietnam vu sous
l'angle d'un jeune soldat américain idéaliste, engagé pour se rebeller
de sa famille bourgeoise-castratrice. Ce nouveau soldat va vite perdre
son " pucelage " lors de cette guerre et assister, puis participer à la
fin du film, à cette folie humaine.
Tout d'abord, Oliver Stone a réuni une véritable "
dream-team " des jeunes acteurs d'Hollywood. La plupart n'avait tourné
1 voir 2 films au maximum. Dans le rôle principal, on retrouve l'excellent
Charlie Sheen et en second rôle se côtoient : Forrest Whitaker
(sans doute le meilleur acteur noir en activité), Tom Berrenfer,
Willem Dafoe, Johnny Deep (première apparition dans un grand film)
Pour encore plus de réalisme, Oliver Stone envoie ses 13 acteurs
suivre une préparation militaire, plutôt musclé, avec
les forces spéciales dans un camp aux Philippines.
Le ton du film est grave excepté lors de la scène de détente
ou nos soldats se défoncent. Pris dans le bourbier vietnamien,
on voit juste le quotidien d'une petite section militaire à travers
le point de vue d'un simple soldat joué par Charlie Sheen. Ce film
a une véritable portée universelle, il expose en moins de
2 heures quasiment tous les aspects de la guerre du Vietnam (1967-1975).
La jungle du Vietnam est un enfer. Dès le début, les insectes
et la pluie sabotent le moral des troupes. Mais le pire est le camouflage
offert par la jungle. Cette jungle permet aux Vietcongs de disposer de
1001 cachettes et embuscades possibles. Sans arrêt, les soldats
doivent regarder à travers la pénombre de la jungle au cas
ou un ennemi ne tirerait pas. Oliver Stone, par des lents balayages de
la caméra à travers cette jungle inamovible, montre que
le danger est toujours là et au premier moment de relâche,
l'erreur peut être fatale. La musique de Platoon ne fait qu'accentuer
le drame.
On suit lentement la descente en enfer du 25ème régiment
d'infanterie. A chaque assaut, un ou deux américains meurent. Forcément,
la haine de l'adversaire envers l'ennemi augmente. La pression monte.
Ainsi l'homme redevient un loup pour l'homme. La section militaire se
divise en trois sous-groupes : les soldats pro-Vietnam aux méthodes
plus que musclées, les idéalistes dont fait parti notre
héros, les résignés oubliant leur sort avec la marijane
ou l'alcool.
Les soldats pro-Vietnam n'ont aucun respect des civils vietnamiens. Pour
eux tout ce qui est " jaune " est ennemi. Les bavures ou dommages
collatéraux (pour parler un langage actuel) peuvent arriver au
premier face à face. Il faut également remarquer que même
les soldats qu'on pensait au delà de toute exactions, peuvent en
connaître comme lors d'un viol collectif sur une adolescente.
Le pire (et grande réussite du film) est la compréhension
du spectateur face de la violence des GI. Excepté un soldat véritable
prototype du WASP (Bunny joué par Kevin Dillon), chaque soldat
est terriblement humain d'où la complexité du film. Le soldat
Bankes tue un chef de village (ou les soldats trouvent des armes) car
il refuse de parler. Acte impardonnable !! Sans aucun doute, mais après
avoir survécu des semaines dans la jungle sans se faire remplacer,
vu ses amis se faire descendre dans des guets-apens, être sous les
ordres d'un lieutenant complètement incompétent et avec
le fossé culturel entre les américains et Vietnamiens, on
peut comprendre la tension qui à tout moment peut devenir meurtrière.
Ce film est presque un documentaire sur les GI au combat. D'ailleurs,
Oliver Stone est un spécialiste des films traitant de l'histoire
moderne : Salvador (son premier chef d'uvre), JFK, Nixon
.
La scène finale ou les Vietcongs portent un assaut final durant
la nuit est l'une des plus belles scènes de guerre tournée
au cinéma. Charlie Sheen est surréaliste dans son soldat
perdant pied et se transformant en " barbare sanguinaire ".
A mon avis, ce film est le meilleur sur le Vietnam et peut être
sur la guerre en général (voir aussi évidemment Apocalypse
now) car Oliver Stone a participé à cette sale guerre jusqu'en
1969. Ce film est uniquement basé sur des faits réels que
le réalisateur a connu lors de son engagement militaire.
D'ailleurs, lors de l'avant-première du film, les anciens combattants
ont pleuré et remercié Oliver Stone d'avoir raconté
au grand public leur enfer.Ce chef d'uvre est d'un réalisme
qui fait froid dans le dos et la fin très poétique mérite
d'être cité :
<< Nous ne sommes pas battu contre l'ennemi mais contre nous-même.
L'ennemi
était à l'intérieur de nous. La guerre
est finie pour moi mais elle restera toujours présente, pour le
restant de mes jours, jusqu'à la fin de ma vie
>>
Par Sébastien, octobre 2003
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